Une médecine pour évoluer dans notre monde moderne.
Depuis plusieurs années, ma pratique s’oriente vers une association des pratiques de Pleine Conscience et de Conscience Chamanique.
Ces deux approches me semblent tout à fait complémentaires et essentielles pour répondre aux exigences et défis proposés par notre société moderne.
Pleine Conscience et Conscience Chamanique se complètent parfaitement, elles sont les deux polarités d’une spiritualité globale.
L’une est inspiration et l’autre est expiration, l’une est sage et l’autre est folle. Lorsque la première propose le silence, la seconde impose le vacarme.
Dans cette dyade spirituelle, l’immobilité côtoie le mouvement et l’harmonie fréquente le chaos.
La Pleine conscience me semble une réponse concrète à la frénésie aveugle et destructrice de notre société. Je pense que la raison principale de son succès actuel est qu’elle propose une voie qui permet à l’être humain de créer un espace, faire le vide, respirer, accueillir, vivre l’instant présent, poser un regard, prendre du recul, entrainer son attention…Bref, tout ce qu’on a perdu en courant après…après…
Après quoi d’ailleurs ?
J’ai découvert il y a quelques années, grâce au travail d’Hélène d’Hennezel sur la chronobiologie (méthode Sÿndaô) à quel point les cycles internes de l’être humain sont liés aux cycles externes, à l’espace-temps dans lequel il évolue. La chronobiologie m’a également appris à quel point l’homme moderne, par son mode de vie, s’est coupé de ces rythmes et s’est progressivement désynchronisé.
Au contraire, les membres des sociétés chamaniques traditionnelles sont parfaitement synchronisés puisqu’ils vivent en contact direct avec la Nature et ses cycles et qu’ils cultivent quotidiennement ce que la pleine conscience nous permet aujourd’hui de vivre :
La présence et la connexion à la Vie qui nous remplit et à celle qui nous entoure grâce à l’entrainement de la concentration et de l’attention.
En pratiquant le chamanisme sans cette connexion essentielle à la réalité ordinaire, nous risquons de réitérer les erreurs commises, entre autres, à l’âge d’or du New Age et d’adopter une spiritualité hors sol qui oublie l’extrême importance des circuits terrestres : corporel, mental, émotionnel, social…et de la réalité ordinaire.
Mais, à l’inverse, à trop étudier cette réalité ordinaire et développer nos sens matériels, nous risquons d’oublier l’aspect essentiel et poétique de l’imaginaire et de l’onirique. Avez-vous déja vu « L’Histoire sans Fin »?…
J’ai définitivement adopté le chamanisme comme philosophie de vie en lisant les lignes de Kevin Turner (chamanes célestes-Mama Edition) qui définit cet art de vivre comme la pratique d’une « écologie spirituelle », essentielle pour relever les défis qui se posent aujourd’hui à l’être humain et à son rapport à l’ensemble du vivant .
L’écologie étant la conscience et le respect de l’équilibre entre tout ce qui compose le vivant, et la spiritualité, une éternelle quête de sens (à l’inverse des religions qui posent des règles, dogmes et imposent une « façon » de croire)
Je comprends donc le chamanisme comme une quête de sens empreinte d’humilité (je suis seulement une pièce du puzzle), de poésie et de conscience (qu’est-ce que je peux faire pour contribuer à l’équilibre ?)
Mon étude des états de conscience chamaniques s’inscrit dans la lignée de Michael Harner et Laurent Huguelit.
J’ai choisi de marcher dans leurs pas car ils ont développé une vision qui, tout en respectant et en s’appuyant sur une étude poussée du chamanisme traditionnel, propose une cosmologie beaucoup plus vaste que ces traditions isolées, en faisant la synthèse des différents mondes et esprits visités dans toutes les pratiques autour du globe.
Le praticien en Core shamanism (pour suivre le terme instauré par Michael Harner) évolue dans les différents mondes de la réalité non-ordinaire.
Laurent Huguelit a ensuite travaillé sur le système des 8 circuits de conscience, inscrivant sa pratique dans une cosmologie encore plus vaste et intégrative.
La pratique et l’association des deux permet donc une conscience ouverte et humble, une attitude d’incertitude curieuse envers les mondes visibles et invisibles qui nourrit la quête de sens inhérente à toute démarche spirituelle.
Une conscience que nous ne sommes qu’une partie du puzzle dans ces différentes réalités et que seule l’observation nous permettra le discernement nécessaire pour y trouver notre juste place.
L’entrainement à la pleine conscience permet d’éviter le « tourisme chamanique » dans les mondes non-ordinaires. Puisqu’il réveille, lors de nos voyages chamaniques, notre Esprit de Samouraï:
Un esprit qui reste ouvert et disponible, tout en fixant son attention sur l’objectif et sur la mise en œuvre du message de nos esprits lors du retour à la réalité ordinaire.
La Pleine conscience permet de faciliter le travail du chamane et facilite son discernement lorsqu’il choisit de suivre une quête de pouvoir sur lui-même et non sur les autres.
Autre point essentiel au chamanisme : La PC permet d’accepter de traverser les tempêtes : Que la souffrance passagère (la sienne ou celle de ses « patients ») ne devienne pas rumination et passion. Le praticien peut donc mieux accueillir les noirceurs qu’il rencontre parfois en ECC.
Nous pouvons enfin faire un lien entre deux mythologies propres au chamanisme et à la pleine conscience dans la tradition bouddhiste :
Invoquer les esprits pourrait souvent correspondre, de mon point de vue, à choisir quelles graines (BIDJAS en sanskrit) nous choisissons d’arroser en nous, comme nous l’enseigne Tich Nath Hanh, vénérable moine bouddhiste vietnamien, enseignant de pleine conscience et militant pour la paix.
Pour conclure, le psychologue Jean Piaget nous parle d’assimiler (déformer la réalité pour qu’elle corresponde à mes croyances) ou accommoder (élargir mes croyances pour les adapter à la réalité).
A mon sens, l’association Pleine Conscience et Conscience Chamanique permet une souplesse d’esprit qui facilite l’accommodation, entraînant ainsi le praticien à prendre le pouvoir sur sa propre Vie et à décupler sa capacité d’accueil pour tendre progressivement vers le bonheur.
Mais chacun est libre de choisir son mode de fonctionnement…
Avril 2019- Julien Fihey
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